Lettre de l'OMNES au Comité de l'Ordre des Médecins

Suite à la publication du rapport intitulé « Les pratiques de soins non conventionnelles et leurs dérives » par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) en juin 2023, l'OMNES a émis une réaction officielle en rédigeant une lettre au CNOM.

L'OMNES tient à clarifier certains points tout en apportant son soutien à la démarche du CNOM.

Ainsi, dans un courrier adressé au Conseil de l'Ordre, le Président de l'OMNES, Jérôme Poiraud, exprime tout d'abord son appui envers les efforts du CNOM pour renforcer la sécurité et mieux réglementer les pratiques de soins non conventionnelles. L'OMNES reconnaît les risques de dérives thérapeutiques liés à l'évolution croissante de ces pratiques et nous les déplorons.

Cependant, l'OMNES tient,  dans son courrier, à éclaircir certains points essentiels concernant la naturopathie et l'association :

Nature préventive de la naturopathie : L'OMNES insiste sur le fait que la naturopathie est une discipline préventive qui vise à agir globalement et de fçaon personnalisée sur le terrain de l'individu pour optimiser sa santé par une meilleure hygiène de vie. Les naturopathes n'interviennent pas dans le traitement spécifique des pathologies organiques qui requièrent une approche médicale, chirurgicale, ou médicamenteuse. Ils peuvent cependant, dans ces situations, accompagner les patients de manière complémentaire dans le respect de leurs compétences. Le naturopathe ne peut donc pas effectuer de diagnostic et de traitement médicaux, ou d’actes entrant dans le champ d’application des professionnels médicaux et paramédicaux (d’une manière plus globale tout acte interdit par la législation en vigueur) et s’interdit de modifier un parcours ou un traitement médical en cours.

Validation scientifique de la naturopathie : L'OMNES souligne que la naturopathie française est soutenue par la World Naturopathic Federation (WNF) et est pratiquée par plus de 110 000 professionnels dans 108 pays. De plus, plus de 2000 études scientifiques revues par les pairs et plus de 300 études cliniques valident les pratiques et techniques actuelles de la naturopathie, comme le démontre la dernière publication de la WNF en 2021 (HTA : Health Technology Assessment, section 5 & 6) à laquelle l'OMNES a contribué.

Réglementation de la profession : L'OMNES est consciente du "manque de réglementation" de la profession en France tel que cité dans le rapport et prend des mesures internes pour garantir la qualité de ses naturopathes adhérents. Nous proposons des agréments aux écoles de formation initiale sérieuses, exigeons la souscription à une responsabilité civile professionnelle et de médiation à la consommation, et faisons signer une charte de déontologie à nos membres. De plus, nous collaborons activement avec le Collectif Naturopathie pour élaborer une norme française visant à renforcer la qualité des services et à structurer la naturopathie (formation, déontologie, pratique du métier).

Qualification du terme « médecine » : L'OMNES se base sur les définitions de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui classe la naturopathie parmi les principales médecines traditionnelles pratiquées dans le monde, sur l'enregistrement officielle de la profession en 1968 par le Bureau International du Travail et sur l’UNESCO qui la considère comme une médecine traditionnelle également.

Ainsi nous sommes attachés à la définition établis par l’OMS et à la dimension historique que cela revêt, en qualifiant notre pratique, au même titre que les autres, comme médecine traditionnelle, ainsi qu’elle est spécifiée dans le reste du monde. Cependant, nous insistons sur le fait qu'un naturopathe ne doit jamais être qualifié de médecin selon la réglementation et le droit de la santé. Nous soulignons l'importance d'une approche intégrative en complément d'un traitement allopathique.

Erreur sur la géophagie : Sans que nous comprenions réellement comment le CNOM a pu nous relier à la pratique de la géophagie dans son rapport, l'OMNES dément avoir proposé des formations ou promu la pratique de la géophagie et nous demandons le retrait de toute mention nous concernant dans le rapport du CNOM et de procéder à un correctif.

En conclusion, l'OMNES exprime son engagement envers la protection des usagers, la prévention des dangers et dérives potentielles, et la promotion d'une approche intégrative pour le bien-être et la santé. Nous souhaitons collaborer avec les pouvoirs publics pour renforcer la sécurité des usagers et faciliter la reconnaissance de la profession de naturopathe en France.